De la répétition à la reprise

Voilà comment les choses se passent. Ou plutôt voilà comment elles ne passent pas. Quelque chose (des actes, des situations, des pensées) revient qui ne se laisse pas dire. Et en ne se laissant pas dire, voilà que ça commence tout doucement à dire quelque chose. Tel est le destin de la répétition, de revenir comme en vagues.

La chose est-elle réellement « arrivée » pour se reproduire de la sorte ? Sans doute pas totalement. Refoulement. D’un côté la représentation, de l’autre l’affect. Disjoints. L’affect ne se laisse pas balayer si facilement, il se ballade en quête d’un endroit où se transférer. Un lieu où se traduire. Alors il vient faire symptôme. Et reste insu.

repeatingLa répétition est une lutte. Un combat avec un inconscient qui revient frapper à la porte. Faut-il y voir une forme d’échec ? Pas nécessairement. Comme dans tous les symptômes, il y a quelque chose de réussi dans la répétition. Mais c’est une mise en forme qui ne sait pas se dire autrement. Pour l’instant. Quelque chose de figé, qui manque de plasticité.

Dans le transfert

Une « reprise » est nécessaire, au sens physique du terme. Comment le sujet pourrait s’emparer de la chose « à nouveau », d’une façon nouvelle ? Cela peut se passer dans l’espace d’inscription que représente le transfert et dans le dispositif thérapeutique, scène d’un théâtre qui ne serait plus tout à fait interne. Au théâtre, il faut un certain nombre de répétitions avant que les choses ne se représentent.

Ce n’est qu’en se répétant que la répétition peut cesser de se répéter. Quelque chose vient s’incarner – revoilà le corps – s’inscrire, s’incorporer et se dissoudre. Ce qui n’était qu’une succession d’actes inconscients peut enfin accéder au statut de souvenir. Et advenir ainsi à la mémoire.

Patrick Déniel

 

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