Bibliographie

Voici une sélection d’ouvrages qui m’ont marqué ou qui me servent aujourd’hui dans mon travail. Je sélectionne ici les livres qui être lus par les personnes qui ont entamé un travail thérapeutique. Cette liste s’enrichira au gré de mes lectures…

Pr Philippe Even et Pr Bernard Debré « Dépression, antidépresseurs, psychotropes et drogues » (réédition 2018)

Le livre se veut d’abord un guide des médicaments utilisée dans le domaine de la psychiatrie et le traitement de la dépression. Pour les non-spécialistes de la médecine, la description de la biologie du cerveau et des effets des médicaments est difficile d’accès. Il ne faut pas s’y arrêter…

Car l’ouvrage est surtout une charge salutaire contre le fameux DSM, véritable « bible » américain de la psychiatrie, en grande partie financé et soutenue par les grandes firmes pharmaceutiques, et qui tend à médicaliser l’existence. Il questionne aussi l’efficacité de la plupart des médicaments (psychotropes, anxiolitiques, neuroleptiques, antiépileptiques) et leurs effets secondaires souvent méconnus ou sous-estimés.

Il fait aussi le lien entre les traitements médicamenteux (drugs, en anglais…) et les drogues, classées en deux catégories : les drogues calmantes et antidouleur (morphine, héroïne, fentanyl, cannabis) et les drogues excitantes (cocaïne, LSD, ecstasy, amphétamines) dont la plupart ont d’abord été des médicaments avant d’être retirés du marché. Le livre réaffirme également la supériorité de la thérapie dans le traitement de la plupart des malaises de l’âme…

Madeleine Davis et David Wallbridge « Winnicott, introduction à son œuvre » (PUF)

Donald W. Winnicott est une des figures majeures de la psychologie de l’enfant et de la psychanalyse au 20e siècle. Le pédiatre anglais a bâti l’ensemble de son édifice théorique sur sa pratique avec les enfants qu’il a reçu pendant des années dans plusieurs hôpitaux de Londres. Winnicott a mis sur pied une véritable théorie du développement de l’enfant.

Ce livre est une excellente introduction à son œuvre et aux principaux concepts que le praticien a échaffaudé (la « mère dévoué ordinaire », la capacité d’être seul, l’objet transitionnel, etc.) en observant les enfants et comment se tisse le lien avec ceux qui prennent soi de lui. L’apport de Winnicott est important pour les thérapeutes car à bien des égards, le patient qui arrive en thérapie peut s’apparenter à un nouveau-né, et le thérapeute est amené à revisiter avec lui bien des étapes du développement infantile.

Viktor Frankl « Découvrir un sens à sa vie (grâce à la logothérapie) » (1959)

Derrière ce titre et sa couverture très « développement personnel » se cache un récit poignant de ce psychiatre autrichien à propos de son expérience dans les camps de concentration, où il est déporté en 1942 avec toute sa famille, et dont il sera le seul à revenir avec sa sœur. Dans son récit, il cherche à comprendre ce qui fait que certains prisonniers aient pu survivre, malgré une moins bonne constitution que d’autres.

Viktor Frankl développe dans ce court essai une réflexion sur la question du sens, qui se trouve souvent au cœur de la thérapie, et sur la notion de responsabilité. Le psychiatre autrichien considère en effet que la plupart des névroses sont imputables à l’incapacité de trouver un sens à sa vie et de se sentir responsable.

Figure plus méconnue que Fritz Perls ou Carl Rogers, Viktor Frankl a développé une approche baptisée « logothérapie » que l’on peut ranger dans les approches de type existentielles.

Philippe Grauer et Yves Lefebvre « La psychothérapie relationnelle » (2018)

« C’est la relation qui soigne. Il n’existe de vérité plus grande en psychothérapie » écrit Irvin Yalom dans l’ouvrage « Thérapie existentielle ». Cela semble à première vue un pléonasme. Cela signifie que dans les facteurs qui contribuent au succès d’un travail thérapeutique, la relation entre le patient et le thérapeute est plus importante que la « méthode » ou la théorie sur laquelle s’appuie le thérapeute. Cette vision s’est ancrée depuis une cinquantaine d’année dans de nombreux courants de thérapie.

In fine, ce dont souffre le patient peut être vu comme une perturbation de la relation (relation à soi-même, à autrui, à l’environnement). Faire une « expérience émotionnelle corrective » à travers la psychothérapie, peut réparer ces troubles.

La psychothérapie relationnelle n’est pas une nouvelle « méthode ». C’est une orientation que l’on peut trouver à l’intérieur de plusieurs courants de pensée. Elle est aujourd’hui à l’œuvre aussi bien chez certains psychanalystes, certains psychiatres, psychologues ou psychopraticiens. D’où la vision multiréférentielle développée par les auteurs.

Philippe Grauer et Yves Lefebvre font partie de ceux qui ont conceptualisé et développé la psychothérapie relationnelle en France, et qui l’ont défendue lors des débats sur le titre de psychothérapeute. L’ouvrage revient sur le paysage « psy » en France tel qu’il se présente aujourd’hui, et comment il s’est constitué, et les différentes professions qui œuvrent dans ce domaine : psychiatres, psychanalystes, psychologues-psychothérapeutes et psychopraticiens.

Mélanie Klein « Le transfert, et autres écrits » (1995)

Dans ce petit ouvrage, qui est une traduction française de douze extraits de « Envy and gratitude and other works », une grande partie des apports de Mélanie Klein à la psychanalyse sont ici clairement résumés. La psychanalyse d’origine autrichienne, qui a émigré en Angleterre avant la deuxième guerre mondiale, a beaucoup travaillé avec les enfants et sur les aspects archaïques de la psyché, qui se développent dans les tous premiers mois de la vie du bébé.

Elle détaille les concepts de pulsion de vie et de pulsion de mort, revient sur ce que qu’elle qualifie de position paranoïde-schizoïde et position dépressive, et les mécanismes de projection, introjection et clivage, qui sont à l’œuvre très tôt chez le nourrisson. Elle fait le lien entre ces mécanismes et la formation des instances de la psyché que sont le ça, le moi et le surmoi.

Marcelle Maugin « Manifeste pour une pratique pleinement relationnelle de la psychothérapie » (2019)

La loi de 2004, promulguée en 2012, réglementant le titre de psychothérapeute a généré davantage de confusion dans le milieu « psy » et dans le grand public qu’elle n’a réglé de problèmes. Elle tente d’enfermer la thérapie dans une approche des relations humaines « sur le mode relationnel imprégné de logique causale, voire mécaniste, fidèle aux paradigmes scientistes à l’honneur en Occident depuis Descartes » explique l’auteure. Elle favorise « les méthodes les plus objectivantes au prétexte qu’elles sont plus rapides, plus efficaces et que leurs effets en seront plus mesurables, plus en adéquation avec les outils, les valeurs et les finalités d’une culture néolibérale éprise de logique et de contrôle des individus ».

Marcelle Maugin explique comment la psychothérapie devrait être, avant toute choses, la rencontre entre deux personnes, deux sujets. C’est la posture du thérapeute et son positionnement éthique, bien plus que ses méthodes ou sa technique, qui peuvent assurer à la rencontre avec le patient son caractère transformateur. « Donner priorité à la relation comme opérateur d’une transformation psychique revient à s’écarter (..) de tout projet volontariste de modifier ou de reprogrammer le fonctionnement mental d’autrui, car rien n’est plus impossible à anticiper que la relation qui va s’instaurer entre deux sujets humains »…

Fritz Perls « Manuel de Gestalt-thérapie : la Gestalt : un nouveau regard sur l’homme » (2020)

Fritz Perls est un personnage singulier de l’univers de la thérapie. Après avoir « importé » la psychanalyse en Afrique du Sud, il s’en écarte alors qu’il séjourne aux Etats-Unis. Il élabore les principes de la Gestalt-thérapie avec son épouse Laura Perls et les américains Goodman et Hefferline.

Cet ouvrage, plus abordable que celui de 1951 rédigé avec Goodman et Hefferline, est une sorte de « testament professionnel » de l’auteur. Il y expose les origines de la gestalt thérapie et ses principaux concepts (homéostasie, champ et frontière-contact, etc.). Il consacre également notamment toute une partie du texte à l’origine de la névrose et aux principaux mécanismes névrotique (introjection, projection, confluence, rétroflexion). Il évoque comment le thérapeute peut aider le patient à repérer ces mécanismes et à les dépasser. Un bon ouvrage pour découvrir les principes de la gestalt thérapie.

Marshall B.Rosenberg « Les mots sont des fenêtres (ou bien ce sont des murs) » (2015)

Marshall Rosenberg est un psychologue clinicien s’intéresse à la résolution de conflits. Enfant, il grandit en Afrique du Sud dans une société marquée par l’apartheid et la violence. Il développe un modèle de résolution des conflits par la communication non violente (CNV). Il propose un modèle simple basé sur l’observation des faits, les sentiments ou émotions, l’expression des besoins, et la possibilité d’effectuer une demande à la personne avec laquelle on est en conflit.

Simple dans son approche et son propos, la CNV est néanmoins assez difficile à mettre en pratique. Elle fournit néanmoins une compréhension de ce qui se joue dans un conflit (la plupart du temps un manque de communication), et donne des repères et une direction pour les personnes qui sont en difficulté dans un conflit. Or nous sommes tous sans cesse pris dans des conflits : dans la famille, dans le couple, dans le milieu scolaire, etc. L’ouvrage peut donc être utile à tous…

Noël K.Salathé « Psychothérapie existentielle »

Le livre, rédigé à l’attention des étudiants thérapeute et des cliniciens, est une excellente synthèse de la perspective de la Gestalt Thérapie. Elle en précise les origines, les fondements à partir de la pensée de la psychanalyse freudienne ainsi que de l’approche reichienne, mais aussi de la Gestalt Psychology allemande, ainsi que ses racines dans la phénoménologie et l’humanisme existentialiste.

Le livre explique comment chaque thérapie s’articule au fond autour des grandes contraintes existentielles : la responsabilité, la question du sens, la finitude, la solitude, la limitation et l’imperfection. Ces contraintes sont des « données premières de la condition humaine, contre lesquelles la personne vient buter » explique l’auteur. L’ouvrage propose également une approche des caractères (oral-fusionnel, hystérique, narcissique, masochiste, compulsif-rigide, paranoïaque, sociopathe) intéressante pour le clinicien.

Jean-Paul Sartre « L’existentialisme est un humanisme » (1946)

Ce texte est issu d’une conférence donnée à Paris le 29 octobre 1945 à la demande du club Maintenant. Plutôt facile d’accès, le texte vise à préciser la pensée existentialiste du philosophe, notamment développée dans « L’Etre et le néant », et que l’on a souvent résumé à quelques phrases-slogans comme « L’existence précède l’essence ». Jean-Paul Sartre répond à des critiques sur le pessimisme de son approche. Les courants de thérapie humaniste reprennent à leur compte les approches de l’existentialisme, notamment les notions de subjectivité, d’angoisse, de liberté, de choix, de responsabilité et d’engagement, ou encore d’acte. 

« Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l’autre, écrit Sartre. L’autre est indispensable à mon existence, aussi bien d’ailleurs qu’à la connaissance que j’ai de moi. Dans ces conditions, la découverte de mon intimité me découvre en même temps l’autre, comme une liberté posée en face de moi, qui me pense, et qui ne veut que pour ou contre moi. Ainsi découvrons-nous tout de suite un monde que nous appellerons l’intersubjectivité, et c’est dans ce monde que l’homme décide ce qu’il est et ce que sont les autres ». Une belle introduction à la démarche psychothérapique.

Irvin Yalom « L’art de la thérapie » (2002)

« S’inquiétant de voir la psychothérapie de plus en plus altérée pour des raisons d’ordre économique, et appauvrie par des formations allégées, Irvin Yalom a voulu s’adresser aux nouvelles générations de thérapeutes et de patients » peut-on lire sur la quatrième de couvetrture. En s’inspirant des Lettres à un jeune poète de Rainer Maria Rilke, Yalom formule ses conseils aux jeunes thérapeutes et esquisse les contours de la thérapie existentielle.

La psychothérapie existentielle postule que le conflit interne qui nous perturbe et notre désespoir découlent en partie de notre confrontations aux « données » de l’existence : la mort, l’isolement, le sens de la vie et la liberté. Dures réalités de la condition humaine…

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A Nantes, je reçois les lundi, mardi et mercredi dans mon cabinet proche de la cathédrale. A Paris, je reçois les jeudi et vendredi toutes les deux semaines, au sein du CPBPL, au métro Père Lachaise.

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